
Le présent document est une série de propositions[1] que le groupe de réflexion « COVID-19 RDC[2] » soumet aux différents interlocuteurs concernés par la riposte au coronavirus SARS-CoV-2 dans la ville province de Kinshasa, épicentre de la pandémie en République Démocratique du Congo, à savoir : les différentes autorités politiques, les autorités administratives de la ville ainsi que tous les administrateurs des entreprises publiques et privées, les médias, les responsables des églises, les artisans, les artistes et toute personne pouvant apporter son expertise dans la lutte contre ce virus.
La crainte qui anime notre démarche est celle d’assister impuissants à une explosion incontrôlable du nombre des décès liés à l’infection COVID-19 à Kinshasa car nos structures de soins ne seront pas en mesure de prendre en charge les nombreux patients qui développeront des symptômes sévères ou critiques de cette maladie, soit en théorie près de 20 % des malades. Ce triste mais réel constat pose le cadre de notre préoccupation.
Il y a véritablement urgence aujourd’hui à faire appliquer toutes les mesures de prévention nécessaires à cette riposte en les adaptant au mieux aux réalités socio-économiques de notre population. Cette prévention est véritablement au cœur de notre dispositif de lutte dans cette course où le temps joue déjà contre nous. Elle ne pourra réussir qu’à condition que les mesures prises soient rapides et accompagnées socialement, qu’elles rencontrent une adhésion populaire massive et que les moyens financiers soient débloqués pour leur mise en œuvre adéquate et effective.
Nous sommes conscients que des efforts sont déjà mobilisés sur le terrain et que de nombreux défis sont encore à relever dans un contexte particulièrement très difficile. Nous formulons néanmoins le vœu que nos propositions participent, à côté de celles déjà en cours, à barrer la route à la propagation du COVID-19 à Kinshasa et plus généralement en République Démocratique du Congo.
Quelques données épidémiologiques[3] sur base de l’épidémie en Chine
- 75 % des habitants de la ville de Hubei sont tombés malade
- 81 % des cas confirmés sont bénins (sans pneumonie ou avec une pneumonie légère)
- 14 % des cas confirmés sont des cas sévères (avec dyspnée, fréquence respiratoire supérieure ou égale à 30/min, saturation en oxygène sanguin inférieure ou égale à 93 % et/ou infiltrats pulmonaires supérieurs à 50 % en 24 à 48 h)
- 5 % des cas confirmés sont des cas critiques (insuffisance respiratoire, choc septique et/ou dysfonction ou échec d’organes multiples)
- Le taux de mortalité de l’épidémie en Chine était de 2,3 %. En Europe, la mortalité est actuellement de 6,1 %[4]avec des pics en Italie et en Espagne. De nombreux facteurs de co morbidité majorent cette mortalité (HTA, maladies cardiovasculaires, obésité, diabète, maladies respiratoires chroniques, cancer, immunodépression).
Evolution en Belgique-France-Italie entre le 01 mars et le 30 mars 2020
Tableau montrant l’évolution du nombre de malades durant le mois de mars 2020, le moment de la mise en œuvre du confinement par rapport à la date du diagnostic du 1er patient supposé et le nombre de malades au moment du confinement

Riposte au Covid-19 à Kinshasa :
IL Y A URGENCE !
La ville de Kinshasa, c’est environ 12 millions d’habitants dont la grande majorité n’a pas accès à l’eau courante ni à l’électricité journalière de manière ininterrompue. Les conditions d’hygiène sont assez déplorables pour cette population pauvre qui par ailleurs vit dans une promiscuité permanente tant au domicile que dans les transports en commun ou dans les cités.

L’offre de soins de « qualité » n’est accessible qu’à une minorité de privilégiés capables de payer les frais de santé ou de s’expatrier pour « raisons médicales ». Pour la grande majorité des kinois, on se soigne comme on peut … pour autant que l’on soit capable d’avancer les frais médicaux.
C’est depuis le 10 mars 2020 que le premier cas a été diagnostiqué à Kinshasa. Mais malheureusement, plus de trois semaines plus tard, malgré les enseignements des ripostes et des choix politiques chinois, italiens ou belges, les tâtonnements de Kinshasa renforcent notre inquiétude. La population kinoise n’est toujours pas totalement confinée.
Rappel de quelques dates :
- 10/03/2020 : 1er cas diagnostiqué à Kinshasa
- 17/03/2020 : 3 cas diagnostiqués. Dr Muyembe nommé à la tête de la riposte
- 19/03/2020 : suspension des vols en provenance des pays à risque, fermeture des école et des universités du pays
- 21/03/2020 : 23 cas diagnostiqués et 1er décès
- 24/03/2020 : état d’urgence décrété ainsi que l’isolement de la ville de Kinshasa
- 26/03/2020 : 54 cas diagnostiqués, 5 décès. Confinement total et intermittent de Kinshasa. Mesure suspendue le 27/03/2020.
- 29/03/2020 : 81 cas diagnostiqués, 8 décès
- 04/04/2020 : 154 cas diagnostiqués, 18 décès
Propositions du groupe « COVID-19 RDC » sur la riposte dans la ville-province de Kinshasa
Nos propositions s’articulent autour de cinq priorités que nous avons estimées accessibles et urgentes dans le difficile contexte congolais : l’eau, le savon, le masque individuel de protection, le confinement et la sensibilisation.
De manière générale, les grandes lignes des mesures de lutte contre la propagation du SARS-CoV-2 ont été publiées par l’OMS[8]. Pour rappel, la prévention s’articule autour des mesures d’hygiène, la distanciation sociale[9] entre individus, le port du masque individuel pour le personnel de soins, le dépistage, l’isolement des malades et la prise en charge des malades dans des centres spécialisés.
Il est d’emblée essentiel de rappeler que le succès de la riposte dépend directement du timing des décisions, du strict respect des mesures de prévention et de l’adhésion totale des citoyens, individuellement et collectivement. La croissance exponentielle[10] de la transmission de l’infection à coronavirus impose des mesures précoces pour limiter son taux de mortalité.
Aussi, le rôle de l’Etat est capital tant dans les moyens -humains, financiers et matériels- à mobiliser pour la riposte que dans la sensibilisation sur ces mesures souvent impopulaires.
Enfin, en ce qui concerne la RDC, l’implication des responsables religieux, de différents acteurs de la société civile et des musiciens est plus que jamais nécessaire, surtout pour diffuser l’information et sensibiliser la population.
Première priorité : L’ACCES A L’EAU POUR TOUS

- Accès à l’eau : Responsables –> Gouvernement, administrateurs de la ville, REGIDESO
- rendre l’eau courante (plus) disponible et accessible.
- fournir de l’eau propre à la consommation.
- installer des citernes d’eau à certains endroits « stratégiques » de la ville (boulevards, marchés, grandes rues commerçantes, arrêts de bus très fréquentés, etc) et dans les quartiers où la distribution d’eau courante est problématique voire inexistante
- organiser la distribution d’eau dans les quartiers où l’eau courante est inexistante
- offrir des bidons (20L) aux populations pour le stockage de l’eau
- encourager la population à récupérer l’eau de pluie
- Eau et hygiène des mains : Responsables et partenaires –> Gouvernement, bourgmestres, administrateurs de la ville, REGIDESO, UNIKIN/Faculté de pharmacie, médias/Ministère de la Communication, artistes, individus
- sensibiliser la population au lavage des mains réguliers plusieurs fois par jour, après le mouchage, à chaque retour au domicile.
- mettre en place de nombreux points de lavage des mains au savon à certains endroits « stratégiques » de la ville (boulevards, marchés, grandes rues commerçantes, arrêts de bus très fréquentés, etc) et dans les zones à forte densité de population.
- sensibiliser la population au lavage des mains avec les gels hydro-alcooliques après le mouchage, en montant/descendant d’un transport en commun.
- financer une production à grande échelle du gel hydro-alcoolique par la faculté de pharmacie de l’UNIKIN. Organiser des distributions à certains endroits stratégiques de la ville et dans les quartiers défavorisés.
- sensibiliser la population à limiter la manipulation des billets de banque, vecteurs du coronavirus. Rappeler l’importance du lavage des mains.
- Eau et hygiène des lieux de vie : Responsables et partenaires à Gouvernement, administrateurs de la ville, REGIDESO, UNIKIN/Faculté de pharmacie, pharmaciens, entreprises, médias/Ministère de la Communication, artistes, individus
- produire localement des solutions de désinfection à base d’eau de javel. Les facultés de Chimie et de Pharmacie de l’UNIKIN, ainsi que certaines entreprises devraient avoir de l’expertise en la matière
- sensibiliser la population sur l’usage de javel dilué[11] pour la désinfection des sols et des sanitaires
- rappeler les dilutions à utiliser et les précautions à prendre
- Eau et hygiène des aliments : Responsables et partenaires à Gouvernement, administrateurs de la ville, REGIDESO, UNIKIN, pharmaciens, entreprises, médias/Ministère de la Communication, artistes, individus
- Encourager la fabrication locale de vinaigre blanc (faculté de Chimie UNIKIN)
- Sensibiliser sur le nettoyage des fruits et légumes avec de l’eau au vinaigre[12]
- Eau et stockage : Responsables et partenaires à Gouvernement, administrateurs de la ville, REGIDESO, médias/Ministère de la Communication, artistes, individus
- Encourager la population à stocker de l’eau dans les maisons dans des bidons
- Sensibiliser à l’usage parcimonieux de l’eau : le message à faire passer pourrait être : « un gobelet d’eau par lavage des mains ! »
Seconde priorité : L’ACCES AU SAVON POUR TOUS
- Savon et hygiène des mains : Responsables et partenaires –> Gouvernement, bourgmestres, administrateurs de la ville, MARSAVCO, Médias/Ministère de la Communication, Ministère des Finances, paroisses, artistes, individus

- demander à la MARSAVCO et aux sociétés qui ont de l’expertise en la matière de produire en quantité des savons bactéricides type « Monganga ».
- assurer l’approvisionnement de ces sociétés en matières premières et financer la production de masse (Gouvernement)
- sensibiliser au lavage des mains au savon au niveau des points d’eau et au domicile
- Distribution/vente du savon: Responsables et partenaires à Gouvernement, bourgmestres, administrateurs de la ville, MARSAVCO, Médias/Ministère de la Communication, Ministère des Finances, paroisses, artistes, individus
- mettre en place et multiplier les points de vente des savons dans la ville
- Mettre en place et organiser la distribution du savon dans les quartiers défavorisés (en partenariat avec le réseau catholique par exemple)
- plafonner le prix des savons sur le marché afin qu’il soit accessible à la grande majorité de la population
Troisième priorité : LE PORT DU MASQUE EN TISSU POUR TOUS
Le masque en tissu est une première barrière indispensable[13] dans le contexte de promiscuité permanente de nos populations (maisons, quartiers, transports en commun, marchés).
Le masque en tissu est une barrière indispensable pour cette population obligée de sortir pour s’approvisionner régulièrement en vivres sur les marchés et donc qui ne peut en pratique observer un confinement strict et permanent.
Le bon sens nous suggère donc d’imposer l’obligation du port du masque en tissu.

Obligation du port du masque : Responsables et partenaires –> Gouvernement, bourgmestres, administrateurs de la ville, VLISCO, Médias/Ministère de la Communication, Ministère des Finances, tailleurs, artistes, individus
- rendre le port du masque en tissu OBLIGATOIRE pour tous et partout ! Dans toute la ville, les quartiers, les foyers, les transports en commun, dans tous les espaces publiques.
- sensibiliser à réserver les masques chirurgicaux et FFP2 pour le personnel de santé qui en aura grandement besoin.
- Interdire aux commerces la vente des masques chirurgicaux et FFP2 aux non-soignants.
- réquisitionner les stocks des masques chirurgicaux et FFP2 pour les mettre à disposition du personnel soignant.
- en partenariat avec les sociétés qui en ont l’expertise, le gouvernement devrait faire confectionner des masques en tissu à vendre à des prix très concurrentiels mais également à donner aux plus démunis.
- imposer aux employeurs de mettre des masques à disposition du personnel
- encourager les particuliers à solliciter les nombreux « tailleurs » des quartiers pour la confection des masques
- sensibiliser à travers tous les médias possibles, par des panneaux publicitaires, dans toutes les langues nationales, sur l’obligation du port du masque
- veiller à l’application de cette exigence (bourgmestre, police, agents de quartier, chefs de famille, employeurs, etc.)
Communication claire à propos de l’utilisation du masque[14] : Responsables et partenaires –> Médias catholiques, privés et publics/Ministère de la Communication, artistes, individus
- le masque n’est pas une barrière à 100 % mais c’est mieux que rien !
- le masque ne remplace pas les mesures de confinement ou de distanciation sociale
- le masque doit couvrir le nez ET la bouche
- retirer le masque en utilisant les extrémités des rubans afin que les mains restent le loin possible du visage
- le masque ne doit pas être conservé dans sa poche ou dans son sac à main après retrait.
- le masque doit être lavé immédiatement avec de l’eau et du savon après son retrait à « Un masque non lavé est un nid à coronavirus ! »
- le masque doit être lavé tous les jours
- Dans l’idéal, disposer de 3 masques/personne/jour (matin-midi-soir) par personne
Recommandation pour la confection du masque en tissu :
- utiliser du tissu pagne (très accessible en RDC) aux mailles les plus étroites
- le masque doit comporté une double couche de tissu de couleurs différentes avec si possible une poche interne entre les deux couches afin d’y glisser un filtre qui pourrait être une simple épaisseur de mouchoir en papier (accessible sur nos marchés et dans les rues)
- utiliser de préférence un tissu de couleur claire pour détecter rapidement la saleté
- le filtre (si il y en a) est à retirer avant de laver le masque et à jeter !
- exemple de vidéo confection https://youtu.be/AEbe747iDYY ou https://youtu.be/mNbBBckLVFo
Quatrième priorité : LE DEFI DU CONFINEMENT
Responsables et partenaires –>Gouvernement, gouverneurs des provinces, bourgmestres, administrateurs de la ville, responsables des quartiers, Police nationale, REGIDESO, SNEL, église catholique, médias/Ministère de la Communication, artistes, individus
- Les obstacles au confinement à Kinshasa
- ils sont d’ordre structurels et conjoncturels : déliquescence de l’Etat, taux de chômage élevé, pauvreté généralisée, surpopulation, salaires insuffisants, instabilité des prix sur les marchés, accès limité à l’information et à internet, déliquescence des services publique, système de soins déficient qualitativement et quantitativement, accès limité à l’eau courante, accès limité à l’électricité, familles nombreuses, promiscuité logements, etc

- Informer sur la nécessité du confinement :
- Seule mesure qui, couplée aux autres mesures barrières, a démontré son efficacité pour ralentir la propagation du coronavirus SARS-CoV-2.
- Efficace si toute la population respecte cette mesure : restez chez vous !
- Doit être très précoce, dès que le 1er cas est diagnostiqué pour ralentir la transmission du virus
- Ne pas perdre du temps, c’est une course contre la montre !
- Permet d’éviter des dizaines de milliers de morts
- Quel type de confinement ?
- l’objectif est de briser la chaine de transmission du coronavirus
- il doit être dans les meilleurs des cas total, obligatoire, étendu à toutes les villes dès que le 1er cas est diagnostiqué, surtout dans nos villes aux structures de soins de santé déficientes.
- il doit durer plusieurs semaines
- le confinement d’une seule commune n’apporte aucun bénéfice
- le confinement de moins de 14 jours n’apporte aucun bénéfice
- le confinement ne doit pas empêcher l’approvisionnement de la population en vivres.
- le confinement doit être accompagné par des mesures d’accompagnemet et d’encadrement claires et ambitieuses.
- soyons inventifs car notre population vit « au jour le jour » !
Il est donc crucial de rendre obligatoire le port du masque, de multiplier les points de lavage des mains, de distribuer le gel hydro-alcoolique et de faire respecter toutes les mesures de distanciation sociale dans les marchés et arrêts de bus à cette population qui sera obligée de sortir s’approvisionner malgré le confinement
Pistes pour encadrer ce confinement :
Une communication claire et permanente sur les mesures à respecter
- A propos des magasins :
- imposer la fermeture de tous les magasins de la ville exceptés les boulangeries, les alimentations et les pharmacies.
- limiter le nombre de personnes présentes en même temps dans le magasin et veiller au respect du port du masque, de la distanciation sociale.
- limiter les heures d’ouverture des alimentations
- A propos des boulangeries :
- garder ouvert mais limiter les heures d’ouverture
- imposer la distance entre les clients (pas d’attroupement)
- rappeler le port obligatoire du masque en tissu
- couvrir les pains !
- A propos des marchés :
- garder les marchés ouverts uniquement pour tout ce qui concerne les vivres, les produits d’hygiène, la production d’énergie (charbon, …)
- limiter les heures d’ouverture des marchés.
- limiter les points d’entrée et de sortie dans les marchés (placer des barrières) et les contrôler.
- à chaque point d’entrée, le lavage des mains doit être obligatoire, rappeler les mesures de distanciation sociale et le port obligatoire du masque en tissu.
- pas plus de 2 personnes par famille au marché.
- poursuivre la sensibilisation dans les marchés à propos de la distanciation sociale, l’hygiène des mains, le port du masque, le « rester chez soi », le confinement
- encourager la population à aller au marché le plus proche de son domicile.
- désinfecter quotidiennement les marchés.
- sensibiliser la population à acheter des produits non perissables tels que des conserves, le riz, etc
- attention aux billets de banque …
La population doit avoir accès à l’eau courante pour limiter les déplacements liés à l’approvisionnement en eau.
- A propos de la distribution des savons, masques et vivres aux démunis marchés
- Le réseau des paroisses catholiques et des écoles publiques pourraient être utilisé.
- Il faudrait mettre en place une structure de coordination pour organiser les équipes, leurs missions, et les lieux de distribution.
- Eviter autant que possible les transports en commun.
- Mettre le personnel domestique en chômage temporaire et leur assurer un revenu et/ou une réserve de vivres pour la période de confinement
- Protéger autant que possible les séniors et les personnes portant des pathologies chroniques (réduire les contacts, port du masque, distanciation sociale…)
- Mettre en place des comités de quartier pour veiller à l’application du confinement dans les quartiers, notamment en évitant les déplacements non essentiels et en interdisant les attroupements : Restez chez vous !
Cinquième priorité : UNE SENSIBILISATION PERMANENTE
Responsables et partenaires –> Gouvernement, gouverneurs des provinces, bourgmestres, administrateurs de la ville, responsables des quartiers, réseau des églises catholique/pasteurs, médias/Ministère de la Communication, artistes, individus
L’information et la sensibilisation sont cruciales dans cette lutte contre le coronavirus. L’urgence est ici d’amener la grande majorité des congolais, des villes et des provinces, à accepter de changer leurs habitudes pour des mesures extrêmement contraignantes mais indispensables.
Il y a véritablement urgence car la transmission du virus est exponentielle.
- Informer et sensibiliser sur quoi ? :
- informer sur la maladie en expliquant ce qu’est le coronavirus SARS-CoV-2 de manière très simple (symptomes, complications, prise en charge, mortalité).
- expliquer le pourquoi de la quarantaine et son importance dans la protection de l’entourage.
- expliquer le pourquoi des mesures préventives-barrières (distanciation sociale, port du masque en tissu dans les espaces publics, restriction de l’usage des transports publiques, confinement, etc)
- expliquer la nécessité du dépistage
- expliquer en toute honnetêté pour quelles raisons les hôpitaux de la RDC ne pourront faire face.
- déconstruire les idées reçues (maladie des blancs, effets de la température, congo bololo, etc)
- mettre en garde contre les charlatans et autres guerrisseurs
- rappeler les pistes thérapeutiques scientifiquement approuvées
- Informer sur les dangers de l’auto médication
- Informer et sensibiliser qui ? :
- toute la population (toute classe sociale confondue, tout niveau d’étude confondu) dans les villes et les campagnes
- les habitants des quartiers populaires pauvres qui n’ont souvent pas accès à l’information. Y accorder une attention particulière
- sensibiliser le personnel de soins sur les mesures de protection et sur la nécessité de ne pas fuir les patients COVID
- sensibiliser les décideurs et hommes politiques sur le besoin urgent du financement de toutes ces mesures de prévention qui ont besoin d’une logistique importante. Il faut se rendre compte qu’il faudra certainement plus d’un milliard de dollars à la RDC pour organiser sa riposte sur toute l’étendue du pays.
- sensibiliser les entreprises tels que la SNEL (électricité), la REGIDESO (eau), MARSAVCO (savon), VLISCO (pagne en tissu) sur leurs obligations et leurs responsabilités.
- sensibiliser les commerçants sur les mesures de prévention et sur toute forme de solidarité possible
- sensibiliser les transporteurs publiques sur les respects des mesures de prévention
- sensibiliser les agents de quartier…
- Informer et sensibiliser comment ? :
- on pourrait imaginer la formation des « agents coronavirus » à l’image des agents de la CENI pour la sensibilisation dans les rues, les marchés, les arrêts de bus, les quartiers, …
- utiliser la radio car les ondes arrivent dans les coins réculés de la République. Les radios catholiques peuvent servir, la radio Okapi, Top Congo, …
- utiliser les chaines de télévision privées et publiques
- sensibiliser via les réseaux sociaux
- les panneaux publicitaires dans les rues
- sensibiliser au travers de la musique des artistes les plus en vue
- mettre à contribution les opérateurs téléphoniques pour relayer gratuitement des messages de sensibilisation sur whatsapp
- mettre à contribution les emissions tels que Actualité expliquée, etc
- et surtout, sensibiliser DANS LES QUATRE LANGUES NATIONALES de la RDC et dans les dialectes !
- Propositions pour réussir le pari de la sensibilisation de masse :
- l’information doit être juste, honnête et claire
- l’information doit être compréhensible et traduite dans nos langues
- les communicateurs doivent inspirer la confiance
- l’information doit être répétée jour et nuit, plusieurs fois par jour
- l’exemplarité des dirigeants et des « stars » est essentielle
- faire preuve d’empathie vis-à-vis de la population
- débusquer les rumeurs et fausses affirmations rapidement
En conclusion, il y a urgence à poursuivre la mise en place des mesures de prévention fortes pour ralentir la propagation du coronavirus SARS-CoV-2 à Kinshasa et dans le reste de la République Démocratique du Congo. Ces mesures ont besoin d’être soutenues par tous, d’être financées sans complaisance et d’être organisées pour nous éviter un cycle macabre incontrôlable.
Evolution de l’épidémie aux Etats-Unis.

Pour le groupe de reflexion « COVID-19 RDC »,
Dr Didier KAMIDI OFIT
Anesthésiste-réanimateur
Centre Hospitalier de Mouscron / Belgique
[1] Nos propositions concernent également les autres villes de la République Démocratique du Congo moyennant une adaptation par rapport aux contextes locaux.
[2] « COVID-19 RDC » est un groupe de réflexion et de partage d’informations médicales au sujet de la pandémie mondiale liée au SARS-CoV-2. Il est composé de médecins d’origine congolaise exerçant pour la plupart en Belgique et en France dans différentes spécialités (anesthésie-réanimation, chirurgie, pneumologie, cardiologie, médecine générale, …).
[3] Wu Z, McGoogan JM (2020) Characteristics of and important lessons from the coronavirus disease 2019 (COVID-19) outbreak in China. 2020; Epub 2020 Feb 24.
[4]https://epidemio.wivisp.be/ID/Documents/Covid19/Dernière%20mise%20à%20jour%20de%20la%20situation%20épidémiologique.pdf
[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/Pand%C3%A9mie_de_maladie_%C3%A0_coronavirus_de_2020_en_Belgique
[6] https://fr.wikipedia.org/wiki/Pand%C3%A9mie_de_maladie_%C3%A0_coronavirus_de_2020_en_France
[7] https://fr.wikipedia.org/wiki/Pand%C3%A9mie_de_maladie_%C3%A0_coronavirus_de_2020_en_Italie
[9] https://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/mathematiques/covid-19-une-croissance-exponentielle_142539
[10] https://www.washingtonpost.com/graphics/2020/world/corona-simulator/
[11] L’eau de Javel est un désinfectant utilisé depuis très longtemps. C’est un désinfectant très puissant qui tue une vaste gamme de germes. L’eau de Javel doit être diluée dans de l’eau plutôt froide (évitez l’eau chaude!). Ne mélangez jamais l’eau de Javel avec un autre produit d’entretien! Porter des gants durant l’utilisation et éviter la vaporisation. Rincez toutes surfaces en contact avec la nourriture, la peau ou la bouche d’un enfant. Toujours nettoyer avant de désinfecter, car l’eau de Javel n’est pas un nettoyant ! Dilution 1:50 paraît suffisante.
[12] Il faut 10 cl de vinaigre pour 90 cl d’eau claire. Laisser reposer les fruits et légumes dedans pendant 15 à 20 minutes. Un petit passage sous l’eau douce suffit pour finaliser le nettoyage.
[13] https://www.rtbf.be/info/societe/detail_devons-nous-tous-porter-des-masques-contre-le-coronavirus-de-nombreux-medecins-et-etats-le-pensent-desormais?id=10475510
[14] https://www.facebook.com/notes/spf-sant%C3%A9-publique-s%C3%A9curit%C3%A9-de-la-cha%C3%AEne-alimentaire-et-environnement/masques-buccaux-des-citoyens-responsables/2789861257736297/